La balle de tennis rebondit encore. Une fraction de seconde s’écoule, puis le coup de la raquette frappe encore. Ce bruit est de coutume à tes oreilles depuis une bonne paire d’années désormais. Il t’est coutumier mais peu agaçant, juste réconfortant et témoin d’un quotidien d’étude que tu as choisi. Les entrainements se faisaient de plus en plus intensifs ces derniers jours, les qualifications nationales approchaient, juste avant la dernière ligne droite. Passant une main sur ton front en sueur, tu reprends ta respiration en lançant une expression amusé à ton adversaire qui n’est nulle autre que l’un de tes camarades d’enfance qui tout comme toi concourait pour les championnats à venir. Vous échangez une poignée de main amicale et fair-play, comme toujours lorsque vous disputiez un match entre vous. Tu appréciais ce genre de comportement à la fois sportif et tout en l’honneur du joueur. Perdre un match faisait partie de l’apprentissage et tu en sortais grandit. Certains voyaient cela comme une simple et pure faiblesse de la part d’un joueur, pour ta part tu le voyais comme un être humain qui chaque jour en apprend un peu plus et sait que la participation et le dépassement de soi est toujours le plus important. Replaçant la lanière de ton sac de sport sur ton épaule gauche, tu entends néanmoins ton téléphone portable bourdonner dans la poche extérieure t’informant d’un message. Ce dernier te vient tout droit du numéro de Siobhan. Ton camarade te toise d’une moue scénique énamouré en imaginant sans doute qu’il s’agit de ta petite amie, mais bien loin de te soucier des pensées de ton ami, tes yeux clairs continuent la lecture de son message. Elle te propose de faire quelques choses après le boulot, le genre de rendez-vous que tu ne refuses jamais à ta meilleure amie. Tu lui renvoies alors une réponse favorable en l’informant que tu passerais la prendre directement à son travail. Le reste de l’après-midi passa un brin trop rapidement, le magasin jouait l’album complet de Sinatra, un remake unique à la vente que tu comptais bien te mettre de côté à la prochaine écoute. Assis derrière le comptoir de paiement, tu suis avec intention l’inventaire de la semaine précédente en prenant soin de renforcer certaines commandes. Le nouveau stagiaire avait eu le loisir de commettre deux ou trois erreurs qui se devaient d’être rattraper sous peine de conséquence plus graves à la longue. Ton patron est un homme de bonne compagnie et au fil du temps vous avez toujours sur vous arrangé avec les horaires. Tu faisais souvent des heures supplémentaires pour arrondir les fins de moi, mais c’était un type extrêmement véridique et honnête. Le lundi soir, tu avais le loisir de quitter une heure plus tôt que le restant de la semaine ce qui te permis de partir plus rapidement de ton lieu de travail pour te rendre à celui de la jeune blondinette qui pour une fois n’aurait pas une excuse à entendre de ta part. Non pas que tu ne sois pas ponctuel, au contraire mais ces derniers temps cela devenait une habitude chez toi. Tu aurais pu prendre ton deux roues pour te rendre sur Bleecker Street, mais tu n’en voyais pas l’utilité, tu avais préféré opté pour les transports en communs et quelques kilomètres à pied. A tout moment tu pouvais venir chercher ta moto dans le centre, ce n’était pas un problème. La chaleur d’aout prenait ses droits aussi naturellement qu’un président le jour de son élection. Lunette de soleil sur le bout du nez, tu repères la jeune femme qui toujours derrière son bureau s’affaire devant un dossier. « Les derniers seront les premiers parait-il ? Allez Blondie, on y va ! ». Lui dis-tu tout en la considérant d’un clin d’œil complice.