Aujourd’hui n’est pas coutume, j’ai congé. J’ai lézardé dans mon lit jusqu’au dernier moment et en me levant j’ai décidé de me faire plaisir et d’aller faire un peu de shopping, après m’être préparée et habillée. Il faut dire qu’entre la cinquième avenue et Times Square, j’ai du choix. Si Emily était là, elle serait déjà folle d’excitation... J’ai un sourire à cette idée : ma sœur, lâchée à Manhattan... C’est son banquier qui ferait une dépression. J’ai quand même réussi à profiter sans elle et ne me suis privée de rien : ni de cette jolie robe Billabong, ni de ces nouvelles compensées que je ne mettrai probablement jamais ... encore moins de ces Converse All Star ou de ce maquillage si joli. C’est les bras bien chargés que je pars en quête de ma dernière lubie du jour : la bande dessinée avec la première apparition sur papier de cette chère Harleen Quinzel, plus connue sous le nom de Harley Quinn. Oui, l’ancienne psychologue folle à lier du Joker qui est absolument dingue de lui. Que dire ? Je peux être un peu geek sur les bords quand l’envie me prend... Et j’adore les super vilaines dans Batman. Elles sont parfaites. J’aime aussi beaucoup Catwoman et Poison Ivy que je trouve absolument canons... Mais Harley Quinn est la meilleure à mes yeux. Le seul problème c’est que je ne sais pas du tout quelle est la référence de la BD... Mais pour cela je compte sur plus connaisseur que moi. Je m’arrête à un croisement, pour comparer le nom des rues avec celui que j’ai noté sur mon petit post-it vert. Soit j’ai mal recopié, soit le magasin n’existe plus. Ou alors il a changé d’endroit. Pfffffff j’avais vraiment envie de cette bande dessinée. Un peu déçue, je continue de marcher le long de la rue, profitant de me balader un peu dans New York. Tout ce que j’espère c’est de retrouver le chemin de la maison ; je n’ai jamais vraiment été dotée d’un sens de l’orientation hors normes.

Alors que je commence à penser que je suis perdue – mais pas encore au point de demander mon chemin –, voilà que je tombe nez-à-nez avec une boutique de comics comme je les aime. Bon, ce n’est pas celle dont j’avais pris l’adresse mais elle fera très bien l’affaire : c’est le destin. J’entre dans la boutique qui m’a l’air assez tranquille et jette un regard circulaire ; pas de vendeur en vue. Seulement quelques habitués qui semblent plongés dans les nouveautés. J’ai un sourire en coin, ils vont probablement tous penser que je suis là pour une surprise pour mon petit ami, surtout avec mes sacs de shopping. Avec ma robe estivale, je n’ai pas vraiment le look de celle qui aime les comics. Mais comme qui dirait les apparences sont souvent trompeuses... Je suis la plus féroce fan d’Harley Quinn.

Je fais le tour du magasin et observe les étagères avec un grand intérêt, le tout mêlé à un certain respect. On dirait presque le paradis. Je vois qu’ils vendent aussi la saga « a song of ice and fire », mais je suis pour le moment trop occupée à finir le deuxième. Oui, je suis en retard... Mais mieux vaut tard que jamais ! Je m’arrête quelques instants face à l’étagère consacrée à Batman et me rends compte que je ne suis pas sortie de l’auberge. Non, je ne vais pas m’en sortir si je dois feuilleter tous les comics pour trouver celui où apparaît cette très chère Harley. Un poil agacée par moi-même, je me dirige vers le comptoir dans l’idée de faire un appel au secours. Par chance, le vendeur est de retour, sauf qu’il est de dos. Et qu’il me dépasse d’une bonne tête, mais je n’ai jamais été très grande donc cela ne me surprend pas. Par contre, il a un dos sexy. Oui, j’ai cette théorie comme quoi même les dos peuvent être sexy... Théorie dont ma sœur se moque assez souvent, mais il n’empêche... Il y a de ces dos dont on n’a qu’une seule envie, c’est d’y passer ses mains et plus si affinités. Et j’aime bien ses boucles brunes aussi... J’ai hâte de voir à quoi il ressemble. Je prépare mon plus beau sourire et toussote pour attirer son attention. « Bonjour ! Je cherche le Batman avec la première apparition de Harley Quinn, mais je ne sais pas si vous l’avez... » Le vendeur se retourne et le reste de ma phrase se retrouve coincé en travers de ma gorge. C’est... LUI. Le patient de l’autre jour. « Shit ! » De surprise, je lâche mes nouvelles converses qui tombent au sol dans un grand bruit. Les regards convergent dans ma direction, mais je m’en contrefiche... Je n’ai qu’une priorité : m’enfuir le plus vite et le plus loin possible. Mais la sortie m’est bloquée par deux hommes qui sont en train d’amener des cartons dans le magasin... c’est bien ma veine, un nouvel arrivage en pleine journée ! Dans le désespoir, je m’enfonce dans l’un des couloirs formés par les étagères de comics... et avec un peu de chance il sera trop occupé par l’arrivage de sa marchandise pour me suivre.

Quelle était la probabilité de me retrouver nez à nez avec lui déjà ? Dans tout Manhattan ? Je commence à croire que le destin en a après moi. Surtout que je devrais bien passer une nouvelle fois devant son comptoir pour sortir d’ici. À moins que je ne décide d’emménager entre Hulk et Spiderman...

Cela faisait maintenant une semaine environs que j'étais sorti de cet hôpital. La joie régnait dans mon coeur depuis ce temps, tellement j'étais heureux de pouvoir retrouver mon appartement, mes choses et mon boulot. Bref, ma vie, quoi! J'avais même fait en sorte d'être plus présent à la boutique, au moins pour cette semaine, question de retrouver mes journées perdues et mon argent. J'étais donc là-bas 40 heures semaines ...Peut-être pas vraiment recommandé quand on sort de l'hôpital pour un problème cardiaque, mais je m'en moquais bien, à vrai dire. J'avais besoin de retrouver mon petit monde et personne allait m'en empêcher, pas même les médecins! C'est donc très tôt que je m'étais levé pour retrouver ma petite boutique. Les lumières allumés, je compta tout d'abord ma caisse pour la mettre à niveau, ensuite fit un peu de ménage et parti la bande sonore de The avangers pour agrémenter le tout. J'adorais mettre des bandes-sonores de films, dans ma boutique. Spécialement ceux tirés de comics. C'est bien normal, dans une boutique qui vend à peu près juste ça!

Vint ensuite le temps d'ouvrir. J'étais heureux car en plus d'avoir une belle journée qui s'annonçait, j'allais recevoir une nouvelle commande de comics pour mettre en étalage dans l'entrée! Comme la plupart de mes clients étaient des habitués, j'en vis quelques uns à l'entrée me demander si la commande était déjà arrivé, pour repartir bredouille en me promettant gentiment qu'ils allaient revenir dans la soirée. Tout sourire, j'allai me faire une tisane pendant que quelques personnes se promenaient tranquillement dans les rangées, regardant soit pour Batman, Spider-man ou autre. J'adorais les observer de loin et tenter de voir qui préféraient quoi comme supr-héros. C'était assez marrant, disons!

Une fois mon thé fait, je fis payer une petite damoiselle qui s'était acheté une bande-dessiné de Boulet puis lui sourit en lui offrant gratuitement en signet fait en laine et de couleur mauve. Elle l'avait si apprécié qu'elle avait continué à me remercier jusqu'à la sortie ...Je m'étais donc questionné à savoir si elle avait réellement été heureuse par mon geste ou si je lui étais tombé dans l'oeil, par hasard. Après cette petite scène étrange mais adorable, je m'étais prit à sourire comme un idiot jusqu'à ce qu'une cliente interrompt dans ma tâche; celle de classer mes commandes par ordre de prix. Je me retourna donc afin de lui répondre et fut surprit de 1. De la voir ici et de 2. Par sa très théâtrale expression. Quand je la vis s'exclamer et échapper son achat au sol, je ne pus m'empêcher de retenir un petit rire amusé, en mettant ma main devant ma bouche. Seulement, j'éclata au moment où je la vis regarder désespérément vers la sortie afin de fuir et constater que ma commande était entrain d'arriver.

En gentleman que j'étais, je décida donc de prendre son sac de soulier et la suivre dans les allées -car elle s'y était éclipsé, sans doute dans l'intention de me fuir encore- puis dit «Miss Watson, vous n'avez nul part où vous cacher, ici ...Même si les étages sont assez grandes, je les dépassent tous d'une tête au moins!» puis rigola amusé en disant «...Vous avez aussi échapper vos achats ...Puis à en croire la boite ce sont sans doute des souliers et ...C'est regrettable et très charitable de votre part mais ils ne me feront pas ...Nous n'avons définitivement pas la même taille de pied ...Je suis désolé ...» J'avais un petit sourire moqueur au coin des lèvres tout en lui tendant son sac pour qu'elle le reprenne. Tout en la regardant droit dans les yeux je dis ensuite «Je peux aussi vous aider, si vous cessez de vous éloigner de moi ...mais si vous voulez, on peut jouer au jeu de tu brûles, tu refroidis pour trouver votre fameux livre ...Ainsi, vous seriez à une bonne distance de moi, même si à mon fort intérieur je serais triste de vous voir si ...éloigné.» et je fis une petite moue peinée en ajoutant «...Je ne suis pas contagieux vous savez ...» et agrandit mon sourire jusqu'aux oreilles en finissant par «...Juste cardiaque!» J'avais envie de la faire rire un peu ...mais aussi de jouer avec son malaise. Je me sentais taquin, aujourd'hui ...et très en forme!

Je soupire en voyant qu’il m’a suivie ; moi qui espérais pouvoir lui échapper je crois qu’il en a décidé autrement. Mais il reste plein d’allées que je n’ai pas encore explorées, et il finira bien par se fatiguer. «Miss Watson, vous n'avez nul part où vous cacher, ici ...Même si les étages sont assez grandes, je les dépassent tous d'une tête au moins!» Pfffff il a raison. Je me mords la lèvre. Personne ne lui a demandé d’être aussi grand, à celui-là ! De mauvaise foi et pour témoigner ma mauvaise humeur, je lui réponds : « Je peux toujours m’accroupir vous savez ? Là alors je serais invisible. Et je suis une pro’ du cache-cache. » Gosh ; si seulement ! Il m’énerve. Il est trop poli, trop mignon, trop... Trop quoi. Et ça m’énerve passablement en ce moment. Je n’aime pas quand je n’ai absolument rien à reprocher à la personne qui m’irrite. «...Vous avez aussi échapper vos achats ...Puis à en croire la boite ce sont sans doute des souliers et ...C'est regrettable et très charitable de votre part mais ils ne me feront pas ...Nous n'avons définitivement pas la même taille de pied ...Je suis désolé ...» En temps normal, j’aurais ri. En temps normal. Parce que là, ça m’exaspère encore plus. Probablement parce que je me sens hyper mal à l’aise et qu’il en joue... « Je vous garantis que je tiens à les garder, mes converse... » Je récupère le sac de chaussures tout en essayant de garder un maximum ma dignité. Pour ce faire, j’essaie de garder un visage impassible et avoir l’air de gérer la situation avec panache. Sauf que je sens mes joues chauffées à blanc, comme si je rougissais. Pour le sang froid et la dignité, on repassera. Quand je suis dans cet état, je suis incapable de prendre une décision adulte et responsable. Je le sais ; je suis comme ça. Mais ça ne m’empêche pas d’essayer à chaque fois.

Il me regarde dans les yeux – chose très déstabilisante, je dois l’avouer (il a de jolis yeux) – et continue : «Je peux aussi vous aider, si vous cessez de vous éloigner de moi ...mais si vous voulez, on peut jouer au jeu de tu brûles, tu refroidis pour trouver votre fameux livre ...Ainsi, vous seriez à une bonne distance de moi, même si à mon fort intérieur je serais triste de vous voir si ...éloigné.» Hahaha. Don Juan de pacotille. « Ne soyez pas triste voyons... Ce ne serait que le destin. » Ma compassion et gentillesse habituelles sont étrangement remplacées par du cynisme pour le coup. Je refuse toute aide et considère sa proposition avec beaucoup d’envie : le plus loin de lui sera le mieux. Mais le ridicule de la situation m’apparaît en pleine face et je me dis que ce n’est peut-être pas la meilleure des solutions pour sortir de ce magasin avec ma bande dessinée. Je suis ridicule. Mais d’un autre côté cela me ferait gagner du temps. Je l’écoute d’une oreille discrète tout en cherchant une échappatoire à ma situation sans issue. Je cherche n’importe quoi : des toilettes ; une sortie de secours ; une échelle d’incendie... Des martiens prêts à m’enlever pour faire des expériences. N’importe quoi, tant que cela me permet de sortir d’ici au plus vite. Malheureusement il n’y a rien sinon des étagères de comics. Je soupire alors qu’il blague au sujet de lui-même «...Je ne suis pas contagieux vous savez ... Juste cardiaque !» Bon, il est drôle le bonhomme, je dois bien lui laisser cela. Je ne peux empêcher un petit rire qui adoucit mes traits, signe de ma défaite. Dieu que je suis faible ! J’en ai honte. Comme réfléchissant à voix haute, je marmonne « Cardiaque et dangereux. » Oups... Je le pense, mais j’espère qu’il n’a pas entendu cela. Il me rend méchante, à force d’être... séducteur ? Puis-je vraiment dire qu’il l’est ? Non ; il est surtout blagueur. Toujours sur le qui-vive, je ne résiste pas à l’envie de changer d’allée de BD pour me sentir plus en sécurité et surtout plus éloignée de lui, afin de retrouver ma propre normalité. Peut-être que les X-Men pourront me sauver de mon patient ? heem... Non ; je ne crois pas. Dommage, d’ailleurs, j’en aurais bien besoin. Surtout que ce qu’il a dit est vrai : alors que les étagères me cachent, lui il les dépasse... A-t-on idée d’être grand comme cela aussi ? Je peste intérieurement, le dos collé à l’étagère. Je suis pathétique ; surtout qu’il me voit quand même. Tentant de garder un minimum la face, je m’exclame « Alors, chaud ou froid ??! ». Quand je disais que j’étais têtue, j’avais oublié de spécifier idiote avec ça. ET gamine. Que des avantages...

Je commence alors à parcourir les allées, mais je remarque que les hommes qui amènent la marchandise me bloquent toujours la sortie... Damn. Et toujours pas de sortie de secours ! Je reviens à mon point de départ, proche du vendeur-patient-Cuteboy et lui dis d’un ton innocent, en l’observant à travers l’étagère de livres : « Vous savez... Vous devriez penser à installer une issue de secours dans votre magasin. Au cas où il y aurait un incendie, vous voyez ? » Ou encore si quelqu’un essayait de vous échapper. Je suis officiellement maudite. Mais je ne m’avoue pas vaincue ; ça jamais. « Et bien ?... Je brûle ou bien je gèle ? »

Jamais je n'aurais cru revoir cette petite infirmière mignonne en dehors des murs de l'hôpital, un jour! C'était assez déstabilisant en fait, mais aussi très amusant, disons. Elle resplendissait encore lorsqu'elle ne portait pas ses uniformes d'infirmière! Je pouvais même affirmer que j'aimais bien son petit look. Elle était belle ...et ça, je ne pouvais me le cacher. Même si elle me fuyait, j'avais tout de même l'intention de prendre une chance et de pousser un peu plus loin dans l'optique qu'elle veuille bien me réserver une soirée juste pour nous deux. Un rancart, quoi! mais avant tout, je devais réussir à la faire craquer, chose qui n'allait pas être évident du tout!

Elle me fit rigoler par sa réplique, ce à quoi je répondis d'un large sourire en disant «Je suis grand, mais je peux aussi me pencher, vous savez! et puis comme je vois que vous n'avez pas encore la cape d'invisibilité d'Harry Potter, je crains fort que vous réussissiez réellement à vous rendre invisible à mes yeux ...» Oh, j'étais conscient qu'en disant cela, je lui offrais sur un plateau d'argent un compliment sous entendu! mais l'avait-elle comprit ainsi? Je ne le savais pas. Par ailleurs, lorsque je lui tendis la boîte de chaussure et qu'elle s'en empara, j'eus un faible sourire en disant «Converse ...? Je crois que nous avons les même goûts pour les souliers ...Voyez?» puis je pointa les miennes qui étaient toutes décrépites mais si confortables malgré tout!

Lorsqu'elle s'éloigna à nouveau et que je lui offris mon aide, j'eus une petite moue triste par sa réponse. D'une petite voix peinée je dis «Oui mais ...Si vous voulez parlez du destin ...» puis reprit instantanément un large sourire en continuant sur un ton plus que joyeux «C'est lui qui vous a ramenez à moi!» pour ensuite lui faire un clin d'oeil digne d'un cartoon. Tout en m'avançant vers elle alors qu'elle se reculait dans les allées, je continua en disant «...et puis ...Si le destin vous a ramenez à moi, c'est qu'il doit bien y avoir une raison à tout cela, pas vrai?» ma tête se pencha instinctivement sur le côté en guise d'interrogation  mais je ne perdis pas néanmoins mon petit sourire en coin qui je savais, allait finir par la faire craquer comme un coco.

Par contre, lorsqu'elle me dit que j'étais cardiaque et dangereux suite à ma vanne, mes yeux se rapetissèrent comme si je voulais chercher au plus creux de sa réponse et dit pour ma défense «...Pas tant que ça, en fait ...Seulement pour les araignées. Je déteste les araignées!» puis je retrouva mon petit visage amusé. Je n'avais pas l'intention de prendre mal quoique ce soit qui allait sortir de sa bouche. J'aurais pu croire que j'étais dangereux pour d'autres raisons ...Du genre, il serait dangereux de s'attacher à moi car étant cardiaque, je suis voué à une vie beaucoup ...beaucoup ...beaucoup plus courte que celle des autres! mais non. Je voulais rester positif et voir que le bon! Seulement, j'avais envie de la tourmenter d'avantage, alors je lui demanda tout bonnement «...mais qu'entendiez vous par dangereux, Miss Watson ...?» le tout, sur un ton interrogateur mais aussi un peu comique. Je ne voulais pas perdre de mon humour!

Plus on s'avançait dans les allées, plus je la voyais commencer à perdre patience ...et plus l'ensemble de tout cela m'amusait grandement. Je rigola aux éclats à sa question et dit «Um, vous êtes aux côtés de Jack Dawson, dans le Titanic. C'est l'hypothermie assuré!» puis je m'avança encore lentement tout en replaçant quelques bouquins ici et là, calmement. Pour les issues de secours par contre, elle avait raison. Je hocha donc de la tête en disant «Oui, c'est dans mes plans futurs mais bon ...Je dois humblement me féliciter de ne pas en avoir posé avant ...Sinon vous m'auriez déjà échappé et j'aurais été contraint de continuer mes tâches seul ...Dans la solitude la plus totale ...» et je poussa un soupire de façon très théâtrale avant de me retourner à nouveau vers elle, prendre un comics dans mes mains, le mettre derrière mon dos et dire «...Tu brûles ...» la transition entre le vouvoiement et le tutoiement était prévu et bien songé. Ma voix avait été un peu plus profonde aussi alors que mon regard s'était plongé dans le sien. J'étais maintenant devant elle, le corps non loin du sien. Je pouvais aisément sentir son si doux parfum qui m'avait tant marqué le jour de notre première rencontre. D'un faible sourire, j'ajouta alors «...mais avant de te la rendre, je veux que tu me promettes quelque chose ...Es-tu partante...?» J'espérais très fortement qu'elle dise oui, car j'allais la demander en rancart. Je ne voulais plu perdre de temps avec rien dans la vie ...Surtout pas avec l'amour. Si je devais aimer et être aimé, ce serait maintenant ou jamais. Par contre ...restait plus qu'à savoir si elle était intéressée par moi, réciproquement parlant!

Rrhaaa il m’énerve avec son sourire et son rire à toute épreuve. C’est mon rôle, d’habitude ! Je me fige rapidement quand j’entends sa phrase. Impossible de me rendre invisible à ses yeux ? Ça pue cette histoire. Ça sent le déjà-vu ; et la dernière fois où je me suis laissée prendre au jeu ça s’est plutôt mal terminé. Je fixe mon regard au sien, comme si je tentais de déchiffrer son esprit et ses mots, mais sans vraiment réussir. Je ne sais pas comment la prendre, sa phrase. Je préfère faire mine de ne pas la relever, comme si elle m’avait effleurée mais sans me toucher ; ce qui est faux. «Converse ...? Je crois que nous avons les même goûts pour les souliers ...Voyez?» Malgré moi, je suis son geste du regard, ce qui me force à visualiser sa silhouette avant de voir ses pieds. Et ce que je vois ne me déplaît pas, ni de dos ni de face... Triple idiote. Je réprime difficilement un sourire : il a bon goût. Puis j’aime bien son style aussi... Il me fait penser à Kurt Cobain, les boucles brunes en plus. Et Dieu sait comme j’aime Kurt. J’aurais dû me spécialiser en gériatrie, cela m’aurait évité de rencontrer des patients comme celui-ci !

«Oui mais ...Si vous voulez parlez du destin ... C'est lui qui vous a ramené à moi!» J’ai soudainement l’impression de jouer à chat... Sauf qu’en l’occurrence, la souris c’est moi. Et qui dit proie dit prédateur... «...et puis ...Si le destin vous a ramenez à moi, c'est qu'il doit bien y avoir une raison à tout cela, pas vrai?» Je frissonne en le voyant pencher la tête, le sourire aux lèvres. Ce sourire ferait fondre n’importe qui... il est sérieusement craquant. Je suis fichue, c’st officiel. « Je... J’ai des doutes. Avec entêtement, je regarde ailleurs. Je ne céderai pas, je m’en fais la promesse. Pas sans m’être battue en tout cas.

Je vois qu’il sonde ma réplique concernant sa dangerosité d’un peu trop près. Sujet délicat... Depuis un moment, je n’ai qu’une devise : les hommes sont synonymes de problèmes. Ce n’est pas de sa faute, mais c’est le candidat parfait pour confirmer cette théorie. «...Pas tant que ça, en fait ...Seulement pour les araignées. Je déteste les araignées!» Je souris face à son humour apparemment inébranlable et réplique, joueuse : « C’est que... Je ne vous l’ai pas dit, mais j’étais araignée dans l’une de mes autres vies. » Je lui fais un clin d’œil alors qu’un éclat victorieux passe par mes yeux, l’espace d’un instant. Mais le sourire qui s’étalait sur mes lèvres s’efface rapidement quand je l’entends me demander ce que j’entends par dangereux. Veut-il vraiment le savoir ? Et est-ce qu’y répondre va m’offrir un peu de tranquillité ? J’ai l’impression qu’il s’amuse comme un fou de mes réponses et de mes réactions. « C’est... Vous. » Je désigne sa silhouette de la tête aux pieds. « Trouble... You are trouble. » Trop joueur ; trop craquant... Trop têtu. Me narguant trop. Je fronce le nez et m’éclipse dans les allées de BD. Mais apparemment mon impatience l’amuse au plus haut point, ce qui n’améliore de loin pas mon humeur, encore moins quand je l’entends se mettre à rire. «Um, vous êtes aux côtés de Jack Dawson, dans le Titanic. C'est l'hypothermie assuré!» Gnagnagna. Je soupire un peu trop fort, tout en cherchant cette fichue BD. Suite à ma remarque sur les sorties de secours je l’entends s’auto-féliciter de ne pas en avoir. Je lève les yeux au ciel face à la théâtralité de ses mots concernant sa solitude. « Paaauuuvre chou. Je suis persuadée qu’une cosplayeuse quelconque se ferait un plaisir de diminuer votre solitude. » Moi aussi je sais jouer... Je n’en ai juste pas vraiment envie.

Je suis outrée quand je remarque son manège : la bande dessinée était proche dès le début. «...Tu brûles ...» Ma respiration se coupe face au changement de discours. Il me tutoie... Wow. Je frissonne en sentant son regard fixer le mien, profondément... Cela me rend toute chose et je ne peux rien y faire. Je suis humaine, après tout. Et il est près ; si près... Et sa voix. Seigneur ! Mon cœur manque un battement, à croire que c’est moi la malade. J’ai la curieuse impression de pouvoir sentir sa respiration, de pouvoir capter chaque détail comme si cet instant durait une éternité. Nous sommes proches, et je peux sentir l’électricité dans l’air qui nous entoure. «...mais avant de te la rendre, je veux que tu me promettes quelque chose ...Es-tu partante...?» Il sourit. Il est vraiment craquant. Un signal d’alerte s’enclenche dans mon cerveau et je me souviens alors qu’il ne faut pas craquer, même si j’en meurs d’envie. Je dois être forte... J’ai promis.

Je me mordille la lèvre inférieure et dis d’un air tout à fait sérieux : « Mon père m’a toujours appris de ne jamais signer de contrat avant d’avoir lu tout le document... et j’ai appris à l’écouter. » Je le regarde d’un air malin et mets les mains sur mes hanches. Je reprends peu à peu le contrôle sur mon corps et mes pensées et tente malgré tout de récupérer la bande dessinée qu’il garde en otage. Rien n’y fait : il a beau être cardiaque ses réflexes sont excellents et il ne cède pas. Je soupire et recule un peu, m’avouant presque vaincue. « Si je disais oui, à quoi est-ce que je m’engagerais ? » Je croise les bras sur ma poitrine en attendant sa réponse.

Je commençais à sérieusement craquer pour cette jolie infirmière. Son regard, lorsqu'il se portait sur moi ...Son sourire quand je disais quelque chose qui l'amusait ...Tout en elle commençait à me plaire un peu trop ...mais j'avais terminé de m'empêcher d'aimer à cause de ma maladie. Pourquoi n'aurais-je pas le droit au bonheur, après tout? et puis elle me rendait toute chose, juste à être là, tout près de moi. Au moment où je lui avais mentionné le destin, elle eu l'air légèrement paniquée mais aussi, très déstabilisé. Était-ce car elle pensait la même chose que moi ou parce que je devenais peut-être trop entreprenant pour elle? J'allais lui en parler lorsque le sujet dérogea sur autre chose. Le fait que je sois dangereux. Cette histoire m'avait légèrement fait reculé car je m'étais demandé si elle n'avait pas dit cela à cause de ma maladie, mais pour ne pas la rendre trop mal à l'aise, c'est à la blague que je l'avais prise.

Amusé par sa réplique, je lui refis un sourire charmeur en disant «Je comprends tout maintenant ...Vous m'avez piégé ...» mais même si j'avais décidé de ne pas trop me questionner sur le fait qu'elle me trouvait dangereux, je me vis dans l'obligation de lui demander malgré tout le fond de sa pensé. Je compris alors en quoi elle me trouvait dangereux. J'étais son patient. Même si elle ne me l'avait pas dit, je savais que c'était cela dont elle faisait mention. J'eus alors un faible rire en disant «J'suis trop sexy pour vous, c'est ça?» puis je haussa des sourcils en faisant semblant d'être le plus grand des tombeurs, mais bien sur, je riais de moi-même. Ce n'était pas moi. Je ne faisais que m'amuser de la situation, tout simplement. Je ne croyais pas un seul mot de ce que je disais!

Puis je hocha non au sujet de la cosplayeuse en disant «Bien sur, elles sont toutes canons ...mais je préfère de loin les petites infirmières effrayés par le vomit!» et lui fit une petite grimace enfantine pour ajouter un peu d'amusement à la situation. Par contre, suite à cela, j'avais décidé d'arrêter de jouer et passer à l'action. Je pris donc la BD et la cacha derrière mon dos, tout en avançant vers elle, le regard bien encré dans le sien. Elle brûlait. Bien sur, j'étais tout près d'elle. Elle avait voulue jouer? C'était parti! Cependant, pour réussir à avoir sa BD, je lui demanda quelque chose en échange. Sa réponse me fit sourire et j'allais répondre quelque chose lorsqu'elle se mit à tenter de la récupérer par elle même. Pendant un bon deux minutes, elle ne fit que sautiller pour tenter de la rattraper mais en vain, me laissant ainsi le souffle très court mais un large sourire aux lèvres. Mon coeur s'était emballé et j'avais perdu quelques forces donc je me vis mettre mes deux mains sur ses épaules et baisser ma tête de façon à ce que je puisse accoter mon front tout près de son cou. Je rigolais! Presque aux larmes, même, tout en toussant de temps en temps d'une toux creuse, dans ma main. Elle m'aurait tuée que je serais mort heureux, y'a pas à dire! Puis peu à peu, je retrouva mon souffle et me releva lentement tout en mettant une main sur mon coeur, l'autre derrière mon dos avec la BD en disant «Un rancart ...J'aimerais avoir un simple rancart avec toi, demain soir.» mes yeux brillaient de mille feux et j'avais le sourire aux lèvres. D'une voix un peu plus calme mais écourté par le manque d'air j'ajouta ensuite «Je te promet qu'ensuite, si tu n'as pas apprécié ta soirée, je te laisserai tranquille ...Promis! Juste une petite soirée en tête à tête à rigoler et manger sous les étoiles, dans Central park ...» mordillant ma lèvre, je baissa ma tête tout en relevant mon regard comme le prince dans Rapunzel et dit «T'en penses quoi ...?» Du plus profond de mon être, j'avais espéré qu'elle dise oui. Un grand oui avec un O majuscule mais j'étais conscient que nous n'étions pas non plus dans un film à l'eau de rose des années 80'. N'empêche, un homme romantique comme moi avait le droit de rêver aussi, non?

Je me force à rester de marbre face à son sourire plus qu’irrésistible ; et je dois dire que c’est un exercice difficile, surtout avec lui. Je murmure « S’il y a un piège ici, ce n’est pas moi qui l’ai mis en place. » Au contraire... C’est moi qui suis piégée. Ça va mal finir, je le sens. Je vais faire une bêtise ; je vais lâcher la garde... Il ne faut pas que je baisse mes défenses. Il y a une pause dans notre conversation, comme si nous pesions les pour et les contres chacun de notre côté. Son regard s’illumine, comme s’il avait compris le fin mot de l’histoire. Est-ce le cas ? Comprendra-t-il que je ne peux pas ? Que c’est impossible ? Que me bats entre le désir, l’envie de me protéger et le fait que je suis la soignante qui s’est occupée de lui ? «J'suis trop sexy pour vous, c'est ça?» Pardon ?? J’ouvre de grands yeux, tout d’abord surprise. Vient ensuite le rire, car je n’ai pas l’impression que toute cette assurance façon Casanova soit son genre. « Je vous laisse croire ce que vous voudrez, hein. » En clair, ni oui ni non... Ou comment ne pas trop se mouiller, made in Rose.

Le sujet dévie ensuite sur sa terriiiiiiiiiiiiiiiiiiible solitude. J’ai levé les yeux au ciel, argumentant qu’il n’a qu’à se trouver une cosplayeuse, ce ne serait pas bien difficile. Je le pense sincèrement, il est assez mignon pour intéresser la gente féminine. J’espère juste qu’il ne comprenne pas qu’en réalité c'est moi qui le trouve tout à fait mignon. Et drôle. Et attirant. Et... Et je suis fichue, voilà. L’imaginer avec une fanatique de Comic Con me donne envie d’étriper la Sailor Venus ou autre qui se frotterait de trop près à lui. Bien sûr, je me retiens bien de le formuler à haute voix... Si on pouvait lire dans mes pensées, je n’aurais plus de travail, plus de poste d’infirmière, et surtout plus aucune dignité. «Bien sur, elles sont toutes canons ...mais je préfère de loin les petites infirmières effrayés par le vomit!» Il me préférerait à une cosplayeuse canon ?!?? Je rougis, bien malgré moi. Mon ego a trouvé une sortie de secours et m’a quittée pour de bon, me laissant le rouge aux joues et le malaise au cœur. Impossible de me sentir encore plus gênée. « Je ne suis pas effrayée par le vomi. » Je me retiens de rajouter "et je ne suis pas petite !" par souci de dignité. Et puis ce serait mentir... Face à lui j’ai l’air d’une enfant, du haut de mon mètre soixante... Ce qui me rend encore moins crédible.

Il est près, tout près... Trop près. Je respire à peine. Aussi, pour me détendre un minimum, j’essaie de récupérer le comics tant désiré en tentant de le voler. Mais... Il est grand et a de bons réflexes. C’est un problème : je gesticule beaucoup, mais sans aucun résultat. Un jour, j’aurai ma revanche. Oui, sauf qu’à cause de moi voilà qu’il se fatigue... Je me mords la lèvre inférieure : j’avais réussi à oublier qu’il était cardiaque... Chier. Je suis officiellement la pire soignante possible. Je culpabilise à fond, jusqu’à ce qu’il se love contre mon cou. Là, je ne bouge plus ; je suis figée. J’arrive à intégrer qu’il se tienne à moi, mais sa tête comme ça, c’est le niveau supérieur. Et c’est la deuxième fois... Je commence à penser qu’il fait exprès. Il se met à rire et moi j’attends qu’il se calme, mais sans bouger. Est–ce que c’est parce que je suis trop mal à l’aise, ou bien est-ce parce que, tout au fond et en creusant beaucoup, j’aime bien ? Je ne sais pas ... et je ne veux pas savoir. Tant pis ! Je devrais arrêter de trop réfléchir ; cela ne me réussit pas.

«Un rancart ...J'aimerais avoir un simple rancart avec toi, demain soir.» C’est le début de la fin, je le sais. C’est toujours comme ça... La panique doit se lire sur mon visage, d’autant plus que je recule d’un pas. Comme dans cette chambre d’hôpital quand je l’ai fui. Peut-être que si je ne réponds pas, il oubliera qu’il a dit ça ? Mmh... non, j’en doute. Ou alors je m’inquiéterais pour sa santé cérébrale. Non... Et ce n’est pas non plus un rêve étrange et malsain que je suis en train de faire ; c’est la réalité. Et dans cette réalité, je m’apprête à balancer ma carrière par la fenêtre. J’ai clairement un problème... Et ce problème, il s’appelle Nolan maintenant. Et meeeeeeeerde... Il ne pouvait pas être moche ? Et bête ? Et antipathique ? Cela aurait rendu un refus plus facile à formuler. Parce que je dois refuser ! Oui, je dois. Mais en ai-je envie ?

«Je te promet qu'ensuite, si tu n'as pas apprécié ta soirée, je te laisserai tranquille ...Promis! Juste une petite soirée en tête à tête à rigoler et manger sous les étoiles, dans Central park ...» Il est irrésistible, là. Et moi je suis faible ; je me sens céder lentement. En même temps avec un regard comme le sien, je doute que quiconque pourrait résister... Je commence à jouer avec mes cheveux, nerveuse. «T'en penses quoi ...?» Je ne devrais pas ; je devrais m’enfuir en courant. « Je...» Allez... Rose : une soirée. Ça ne va pas te tuer ! Après tu dis que c’était nul et tu pourras très bien partir et ne jamais le revoir. Je tente de respirer calmement et de chasser la panique irrationnelle qui s’est emparée de moi. Mon regard se pose ensuite sur la bande dessinée, puis sur ses yeux. D’un sourire qui pourrait faire croire que je me sens dans mon élément, je lui dis : « Je pense que je n’ai pas vraiment le choix. » Voilà un grand oui déguisé en petit mouais. Histoire de montrer que ce n’est pas gagné d’avance... Même si je suis déjà à moitié sous le charme. « Il faut juste me garantir que vous n’êtes pas un psychopathe en puissance qui prévoit de m’éventrer puis d’abandonner mon corps aux écureuils carnivores... » Je lui fais un grand sourire.

Je vais le regretter...